Correspondance du Roi George V à Raymond Poincaré Président de la République française en date du 1er août 1914. Cher et grand Ami, J'apprécie on ne peut plus hautement les sentiments qui vous portèrent à m' écrire dans un esprit si cordial et si amical, et je vous suis reconnaissant d'avoir exposé vos vues si complètement et si franchement, Vous pouvez être assuré que la situation actuelle de l'Europe est pour mol une cause de beaucoup d'anxiété et de préoccupation, et je suis heureux à la pensée que nos deux gouvernements ont travaillé ensemble si amicalement pour tâcher de trouver une solution pacifique aux questions à résoudre. Ce serait pour mol une source de réelle satisfaction si nos efforts aboutissent à un succès, et je ne reste pas sans espoir que les terribles événements qui semblent si proches pourront être empêchés. J'admire le sang-froid dont vous et votre gouvernement faites preuve en vous gardant de prendre à la frontière des mesures militaires exagérées et d'adopter une attitude susceptible le moins du monde d'être interprétée comme une provocation. Je fais personnellement tous les efforts afin de trouver quelque solution qui permette en tout cas d'ajourner les opérations militaires actives et de laisser aux puissances le temps de discuter entre elles avec calme. J'ai l'intention de poursuivre ces efforts sans relâche tant qu'il restera une espoir de règlement amical. Quant à l'attitude de mon pays, les événements changent si rapidement qu'il est difficile de prévoir ce qui se passera, mais vous pouvez être assuré que mon gouvernement continuera de discuter franchement et librement avec M. Cambon tous les points de nature à intéresser les deux nations. Croyez-moi, Monsieur le Président, etc... George Roi-Empereur